MÉRINDOL



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



MÉRINDOL



MÉRINDOL (Merindolium). - Ce village, d'une population de 387 individus, est au sommet d'une montagne de difficile accès, non loin du chemin de Nyons au Buis, à 23 kilomètres de la première et à 10 de la seconde de ces villes. On y jouit du point de vue le plus rare et le plus majestueux : au nord et à l'est, ce sont de longues chaînes de montagnes élevées, qui se divisent en mamelons innombrables ; tandis qu'à l'ouest et au midi, on distingue les plaines de Vaucluse, le cours du Rhône sur une longueur considérable, et une partie du Vivarais et du Languedoc. La beauté de cette position n'en compense pas les inconvéniens : Mérindol est exposé à l'influence de tous les vents ; le sol est sec et aride, sillonné de toutes parts par des ravins et des torrens. L'eau y est fort rare : une fontaine peu abondante, au bas et à quelques centaines de mètres du village, est toute la ressource des habitans. Les principales productions du territoire sont le vin, l'huile d'olive et la soie ; le vin surtout en est estimé.
Le hameau d'Aguillan, situé sur le torrent d'Aigue-Marse, entre Mollans et Mérindol, dépend de cette dernière commune. C'est la meilleure partie du territoire.
Il y a de belles carrières de plâtre en pleine exploitation entre Mérindol et Propiac, au pied desquelles coule une source d'eaux minérales qui attirent annuellement beaucoup d'habitans des environs et des cantons voisins.
La place de Mérindol fut long temps un sujet de guerre entre Reymond de Mévouillon et le prince d'Orange. En 1300, ils convinrent de confier à des arbitres le jugement de leurs difficultés, et jusque-là de laisser la place au pouvoir de l'évêque de Vaison, à titre de séquestre. L'affaire traînant en longueur, le prince d'Orange finit par reprendre la place de vive force en 1302, et pour attirer le pape dans ses intérêts, il reconnut la tenir en fief de l'église. Reymond en fit le siége, et le dauphin vint à son secours. Le gouverneur du Comtat rendit un jugement contre eux ; mais Reymond en appela au pape, et continuant le siége du château, il le reprit au mois de juillet de la même année.
Lesdiguières s'en empara en 1586. Les protestans le conservèrent longtemps, et leurs troupes y soutinrent, à diverses époques, des siéges avec avantage.
C'est à Mérindol que Dupuy-Montbrun, trahi par un des siens, lorsqu'il quittait la France, en 1560, pour se retirer à Genève, échappa au danger qui le menaçait, en se jetant par une fenêtre, et en échangeant ses habits contre ceux d'un paysan qu'il rencontra au moment où il errait dans la campagne.
La conformité des noms a quelquefois fait confondre ce village avec un autre Mérindol qu'on trouve à 3 lieues de Cavaillon, et dans lequel le parlement d'Aix fit faire, en 1545, pour des opinions religieuses, d'horribles massacres, connus sous le nom de massacres de Mérindol et Cabrières.

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